COMMUNIQUÉ - Von der Leyen réélue sans les voix de l’extrême-droitemais le plus dur reste à faire
Ursula Von Der Leyen a gagné par 401 voix contre 284. Nous lui demandions de tenir bon face à l’extrême-droite : ce matin, elle a rempli cet objectif, tenant en particulier tête à Viktor Orban. Toutefois, pour faire reculer l’extrême-droite, il ne suffit pas de respecter une forme de cordon sanitaire mais aussi de réorienter en profondeur les politiques de l’Union européenne. C’est l’absence d’une telle réorientation par le bloc central qui nous a conduits à voter contre ce nouveau mandat d’Ursula Von Der Leyen.
Pour lutter contre l'extrême-droite, encore ne faut-il pas lui céder idéologiquement. L'orientation sécuritaire de la nouvelle mandature, qui conduira l'Union à nouer toujours plus d'accords avec des états tiers pour les demandeurs d'asile, fait craindre de nouveaux reculs des droits humains et de nouvelles avancées du racisme et des tensions identitaires.
Nous avons également besoin d'une transformation économique profonde, car les politiques libérales menées dans l’Union européenne ont conduit à d'immenses plans sociaux tant dans l'agriculture que dans l'industrie, porté atteinte à l'égalité des territoires en alimentant la précarité sociale, et détruit le vivant. Or, Ursula Von Der Leyen n’a proposé aucune évolution des politiques commerciales, ni de réforme des politiques fiscales et budgétaires. La victoire emportée par les écologistes sur la création d’un Buy European Act est assombrie par le refus de faire appel à des investissements publics, quand nous savons qu’ils sont indispensables à l’action pour la transition écologique et la justice sociale.
Enfin, nous avons besoin de justice environnementale et sociale.
Or, la page du Pacte Vert est tournée. Si les écologistes ont évité le pire et écarté toute velléité de recul sur les mesures déjà adoptées, les préoccupations climatiques et environnementales passent clairement au troisième voire au quatrième plan du programme de la mandature. Si aucun poste de Commissaire au Pacte Vert n’est annoncé, un poste de Commissaire à la simplification est proposé laissant entrevoir de nombreux reculs. Ni les énergies fossiles, ni les pesticides ne sont mentionnés, pas plus que la volonté de réformer la finance laissant entrevoir un manque d’élan face aux intérêts privés qui façonnent encore aujourd’hui la politique européenne. La santé environnementale est quant à elle tout simplement ignorée, alors que l’impact des pollutions diverses pèse de plus en plus lourd sur la santé des européennes et des européens.
S’il faut saluer les engagements pris sur le logement et le renforcement de l’action syndicale, la stratégie annoncée de lutte contre la pauvreté ne peut être un couteau sans lame. Nous devons faire de la lutte contre la pauvreté la colonne vertébrale de l’Union européenne. Nous avons besoin d’un revenu minimum européen. Nous avons besoin de lutter contre la discrimination pour raison socio-économique. Nous avons besoin de participation des personnes les plus précaires à l’élaboration des décisions qui les concernent. Et nous avons besoin d’un droit de véto social qui garantisse les droits sociaux des 10% d'européennes et d’européens les plus pauvres.
Barrage à l’extrême-droite, vigilance face aux libéraux, exigence sur la justice sociale et environnementale : voilà le sens de notre vote et le sens de nos combats dans la mandature qui s’ouvre.